Il faut créer, en France, un "Ministère des classes moyennes"

Il faut, en France, créer d'urgence un Ministère des classes moyennes

N’importe que individu sensé ne peut qu’approuver le concept de solidarité nationale, en direction des plus démunis.

Encore faut-il se mettre bien d’accord sur cette formule, largement utilisée de toutes parts, et savoir qui sont au juste ces "plus démunis"

Il y a, en France, c’est notoire, des millions de foyers modestes, qui ne sont pas dans la misère, et n’apparaîtront jamais dans les statistiques qui peuvent être faites, au niveau du "seuil de pauvreté " exprimé en termes de revenus.

Ces "foyers modestes" seront considérés par les Pouvoirs publics, comme dotés de moyens d’existence corrects, ce qui implique qu’aucune bonification ne leur sera faite, à aucun niveau, à l’occasion d’actes de la vie courante, et qu’ils paieront "plein pot " chaque chose dont ils peuvent avoir besoin, au même tarif que des citoyens parfaitement qualifiables de "fortunés"

Pourtant, la différence de moyens économiques, entre les "plus démunis", les "pauvres" officiels, et les "foyers modestes", dont je parle, n’est pas si grande.

Nous nous sommes laissé engager dans une société "reféodalisée" où l’on ne peut être que riche ou pauvre, et ou la notion de classe moyenne a complètement disparu.

Curieusement, cette formule "les classes moyennes" n’a, apparemment, plus droit de cité, en France, aujourd’hui, ce qui n’est pas le cas chez tous nos voisins.

Au Benelux, par exemple, il existe des "Ministères des Classes Moyennes". Cela paraît rassurant de le constater, quand on voit que, chez nous, tout se passe comme si la Société ne pouvait se composer que de "riches", bons pour payer, et de "pauvres" bons pour tendre la main.

En d’autres termes, quiconque n’est pas "pauvre officiel", sera traité en "riche"

Et ce ne sont pas les calculs d’apothicaire qui permettent d’établir des "seuils de pauvreté", technocratiquement, qui y changent quoi que ce soit.

Je viens d’en prendre conscience, en m’entendant conter deux mésaventures, qui viennent d’échoir à deux familles distinctes, de mes relations, toutes gens économiquement "modestes", mais pas "pauvres"

La première affaire concerne un garçon qui, sans emploi durable, a pu trouver un job très temporaire (le mois de décembre), comme "camelot", dirons nous, à l’occasion des fêtes, pour vendre des produits de luxe à des gens aisés.

Il a pu travailler dur dans un cadre tout à fait légal, et s’est fait remettre son chèque, avant de rentrer chez lui, se trouvant à quelque 800 km de son domicile.

Là où le bât blesse, c’est que le chèque, -substantiel- à l’échelle des finances de ce garçon, se doit d’être encaissé sur son compte bancaire, compte à la Poste, refuge de ceux qui se sont fait refuser l’accès à des établissements plus huppés…

Or, les services financiers de la Poste, non contents de n’être pas des philanthropes, appliquent un règlement qui leur est bien personnel, et imposent un délai de quatorze jours, pour mettre l’argent à la disposition de son légitime propriétaire…

A une époque où la circulation fiduciaire se fait par informatique, on conçoit mal qu’il faille tant de temps pour encaisser un simple chèque, même en admettant qu’on doive en vérifier la provision.

Mais, "le règlement, c’est le règlement", et si vous n’êtes pas content de la "Banque postale", vous n’avez qu’à trouver un autre banquier… (Si vous pouvez)

Donc, mon pauvre copain a dû rester un demi mois, sans le sou, attendant de percevoir le produit d’un mois de labeur… Je ne trouve pas cela très "social", surtout de la part d’un établissement d’État.

D’autant qu’un autre organisme d’État, la SNCF, a fait savoir à notre quidam qu’elle ne pouvait en aucun cas lui délivrer le billet lui permettant le retour dans ses pénates, contre un paiement différé à quatorze jours.

Voilà pourtant deux grandes organisations qui sont aux premières loges, pour approprier au citoyen l’aide de l’État, une aide qui ne serait pas une "assistance", mais qui porterait au premier plan la compréhension du pouvoir en place, vis à vis de "modestes", et honorables citoyens, ni riches, ni vraiment pauvres.

Mais non : La Poste fait rétention des avoirs les plus modestes, et le transporteur public entend être payé cash. Où est le "socialisme", où est le "social ", dans la structure même du pays ?

D’autant que, dans la mésaventure dont je parle, le citoyen concerné, à aucun niveau, ne prétend recevoir sans contrepartie, ne se conduit pas en assisté, ne coûte rien au contribuable.

L’autre aventure concerne une famille qui est propriétaire de sa maison. Elle ne peut pas se prétendre partie intégrante des "plus démunis", n’est-ce pas ?

Pourtant, en payant les traites de la maison, et en élevant ses enfants, cette famille est bien loin de rouler sur l’or, et je la classe, sans l’offenser, dans la catégorie des "familles modestes".

Le cas de figure : Ces braves gens ont fait un arrangement avec un voisin, pour rectifier le tracé de leur propriété, qui était, d’origine, cadastralement parlant, "tarabiscotée "et dont une partie du jardin faisait figure d’enclave, dans le terrain de ceux d’à côté.

Un échange a été prévu : "On désenclave mon jardin, et tu me donnes autant de mètres carrés de terre que je t’en prends, de manière à ce que le tracé de notre limite commune de propriété ressemble plus à une ligne droite que par le passé… "

L’accord s’est fait, dans l’intérêt commun, sur la base du "donnant, donnant", sans échange d’argent.

Il a bien fallu faire intervenir un géomètre, et officialiser tout çà, par les bons soins du notaire du coin. Et là, on a appris que la "brave famille" qui payait sa maison à crédit, devait faire les frais d’une levée d’hypothèque, pour pouvoir "vendre" à son voisin, une parcelle de terrain minuscule, que ledit voisin lui payait à l’aide du même artéfact.

On a mal compris la nécessité de cette levée d’hypothèque, car la propriété, modifiée dans son tracé, mais non dans sa contenance, restait intacte, en termes de "garantie" ce qu’elle se doit d’être, face au prêteur de deniers d’origine.

Voilà comment une affaire, "sans manipulation d’argent", en arrive quand même à en coûter, à des gens qui en ont très peu.

Ces deux exemples en disent long sur l’incurie du discours politique actuel, où l’on parle de "primes et subventions", "d’avantages fiscaux", et autres foutaises, en direction des "petits", pendant que tout ce qui constitue leur vie quotidienne est truffé de chausse trappes où ils se retrouvent arnaqués à tout bout de champ.

On voit que les dirigeants en place, non seulement, n’ont jamais figuré au rang des plus "démunis", comme ils disent, dans leurs beaux discours, mais ne se comptent pas non plus dans la catégorie des classes moyennes. Ils paraissent n'avoir jamais connu ce genre de problème.

Plutôt qu’un "Ministère de la cohésion sociale", la France gagnerait à créer, d’urgence, un authentique "Ministère des classes moyennes", qui mette de l’ordre dans diverses inégalités, dont nul ne parle jamais.

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