Nous vivons dans un totalitarisme hypocrite.

Nous vivons dans un totalitarisme hypocrite, qui broie les individus réfractaires, et anesthésie les autres, pour en faire un magma uniforme. Vive la pensée unique.

Big brother est sûr de lui. J’entendais, l’autre jour, sur « France Info », la radio du peuple, le bulletin météo, qui commençait par « les pluies que nous avons annoncées hier étant arrivées en retard… » N’en est-ce pas la preuve ?

Ce ne serait, donc, plus la mère nature, qui déciderait de l’heure, et du lieu des précipitations, mais les ineffables fonctionnaires ou assimilé, de « Météo France », un organisme non plus dédié à prévoir, à l’aide de moyens scientifiques, les évolutions météorologiques, mais à ordonner aux éléments, leur conduite.

C’est beau, la conviction.

Dans bien des domaines, il en va ainsi. L’autre jour, je cherchais, dans le dictionnaire Larousse, la définition d’un mot, utilisé couramment de nos jours, et aux origines manifestement britanniques. J’ai lu une définition, à laquelle était ajouté un autre mot, conseillé, avec la mention « l’Administration préconise… »

Moi qui, féru du Littré, avais toujours pensé que les prérogatives de décider d’intégrer ou non tel ou tel vocable dans notre langue, revenait à l’Académie française…

Signe des temps.

Çà me rappelle les « vu à la télé », comme s’il s’agissait d’une référence quelconque.

Le peuple a pris l’habitude de tenir pour « normal », ce qui lui vient « d’en haut », et, par voie de conséquence, d’estimer quasi sulfureuse, toute assertion démunie de la caution des « chefs », fût-ce une chose évidente, avérée, que le simple bon sens peut appréhender.

Le plus grave, c’est que l’oppression socio politique est telle, de nos jours, que le législateur lui-même s’est vu abandonner la sérénité et la sagesse qui lui sied, pour nous promulguer des lois défiant la logique la plus élémentaire.

J’en veux pour démonstration la législation, relativement récente, qui a créé le « délit » de très grande vitesse, en matière de circulation routière.

Si j’ai bien compris le sens de cette loi répressive, il s’agit de traduire en Correctionnelle quiconque serait convaincu de s’être propulsé à cinquante kilomètres par heure de plus que la limitation établie, en un endroit donné, au motif que cette « très grande vitesse » aurait mis la vie des citoyens en danger.

Je m’imagine, seul, la nuit, sur une autoroute déserte (le cas est fréquent), et me permettant alors de pousser la vitesse de ma voiture jusqu’à 180 km/h. (Oui, je conduis une puissante berline, qui peut aisément dépasser le 200)

Donc, jusqu’à 179 km/h je suis en « excès de vitesse », et je puis écoper d’une amende salée, et d’un retrait de points substantiel sur mon permis.

Mais, jusque là, la loi ne me reproche pas d’avoirmis en danger la vie de mes semblables.
A partir de 180, je deviens, ipso facto, un criminel. (Pardon : Un « délinquant », pour être sérieux avec les notions juridiques, car, pour le moment, ce n’est (encore) qu’un délit)

Si ma vitesse est prouvée, s’il est prouvé que j’étais au volant, je puis écoper d’une peine d’amende assortie d’une peine de prison, à l’instar des malfrats de tout poil, voleurs, escrocs, et j’en passe. Le banc de l’infamie à 1 km/h près.

Je rappelle que j’étais « seul sur la voie publique », au moment des présumés faits)

A 179 à l’heure, si j’avais percuté quelqu’un, (paix à son âme, par anticipation), j’échappais à cet horrible remords, d’avoir été, juste avant de trucider mon semblable, un « délinquant ». Juste un meurtrier involontaire. Ouf. C’est rassurant.

Mais, à 180 à l’heure, sans personne auprès de moi, à des kilomètres à la ronde, sans accident, sans anicroche, je suis déjà un délinquant, « supposé », « présumé » mettre la vie des autres en danger.

Qu’est-ce qu’une loi, qui nous condamne d’avance, en vertu d’une présomption comme quoi on se serait mis dans la position toute théorique de représenter un danger ?

Si on continue sur ce chemin, il va falloir faire preuve d’encore un tout petit peu plus d’imagination, et voter une loi de ce tonneau, au motif que chaque citoyen, lorsqu’il se lève le matin, pourra, dans la journée, « mettre en danger la vie des autres »

Les journaux sont truffés de faits divers où l’on apprend que des maris ont trucidé leur femme, ou leur rival, ou qui sais-je. Si on se réfère à l’esprit de la loi sur le « délit » de très grande vitesse, il faudra ajouter, au préjudice de ceux là (ceux qui sont passés aux actes, quel qu’en fût le moyen) une peine, supplémentaire, à cumuler à la peine qui leur écherra, pour leur acte criminel, peine fondée sur la notion de délit, pour avoir, ce jour là, avant le meurtre, du simple fait de l’avoir décidé, « mis la vie en danger »

Ceux qui n’iront pas au bout deces malsaines intentions y échapperont, car le simple fait d’envisager de tuer quelqu’un n’est perceptible par aucun radar.

Seul, l’automobiliste, qui « met en danger la vie des autres », exclusivement à partir d’une certaine vitesse, sera dénoncé de cette forfaiture, mécaniquement mesurable.

Heureusement pour moi, je suis lucide, et, sur autoroute, je ne dépasse jamais, au grand jamais, les 130 Km/h autorisés, ce qui fait que je ne mets jamais en danger la vie de personne, n’est-il pas ? Chacun sait que le choc d’un véhicule roulant à 130, sur un corps humain, est incommensurablement plus bénin qu’à 180.

A l’autre bout de ces considérations, et à la réflexion, celui qui sera « délinquant pour grande vitesse » devra se retourner judiciairement contre le constructeur de sa voiture, laquelle, du fait qu’elle permet de telles exactions, constitue l’authentique fait générateur du problème.

On a bien vu des familles de personnes décédées pour avoir fumé, gagner des procès contre les fabricants de cigarettes.

Ou alors, on peut envisager de ne vendre de voitures capables de rouler à 50 Km/h au dessus des vitesses autorisées, qu’à des conducteurs munis d’une autorisation de port d’arme adéquate. Le véhicule en question étant susceptible de devenir, à tout moment, l’équivalent d’une arme de guerre.

Il y a de quoi réfléchir.

Si on l’observe de très près, cette loi, qui fait de chacun un délinquant, par principe, pour un acte sans aucune conséquence concrète, on constate qu’elle s’inscrit en faux contre la notion de présomption d’innocence, qui est censée bénéficier à chaque justiciable, avant jugement.

Pour « voir mis en danger », sans que le danger présumé n’ait engendré aucune victime, le citoyen est déjà coupable, aux yeux de la loi. Alors, puisqu’on en est là : Désengorgeons les tribunaux, et donnons à la police le pouvoir d’exécuter une sentence aussi pré établie que l’est la présomption de culpabilité.

Drôle d’époque, où l’on est déjà rendus à raser les murs, et à enfreindre, au quotidien, plus ou moins à notre insu, diverses lois pénales, du simple fait que « l’on passe par là »

Un de mes amis, ressortissant d’une république ex soviétique, me disait, un jour :

« La démocratie est une dictature perverse »

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