Les soi-disant soucis du jour

On marche sur la tête ! Après les alertes à la fausse grippe, le chantage à la faillite des banques, la condamnation d'un particulier à payer 4,9 milliards d'euros, voilà que l'on nous sort une flopée de grèves et de manifs en tous genres, au prétexte que l'État recule l'âge légal de la retraite de 2 ans.

Où donc est passé le bon sens. Cela m'a bien amusé, moi qui ai largement dépassé l'âge de la retraite (autant l'ancien que le nouveau), d'observer les étudiants (des gamins), manifester une bonne quarantaine d'années avant que le problème ne vienne à les concerner.

S'imaginent-ils, ces innocents, que dans quatre décennies environ, le monde hirsute qu'on leur propose aujourd'hui sera égal à ce que l'on connaît ?

Quoiqu'il en soit de ces diverses jongleries, de blocages de raffineries en manifestations de rue, on apprend, en cette fin octobre 2010, la prochaine menace qui pèserait sur ces pauvres familles, prêtes à partir en vacances de Toussaint, et qui risquent des problèmes d'approvisionnement an carburant.

C'est bien triste, et l'envie me vient de les plaindre. Tant que nous n'aurons pas d'autre souci que de craindre quelques problèmes de déplacements inutiles, les pseudo princes qui prétendent nous gouverner continueront à rire dans leur barbe.

Le peuple contemporain a vraiment été dressé comme un animal domestique, ou mieux: Une espèce de basse-cour, qui s'agite et vocifère à la moindre sollicitation.

Il faut dire que le peuple de France du XXIe n'ayant pas connu la guerre sur son territoire, la famine, l'épidémie, le tremblement de terre et autres calamités, a beau jeu à s'émouvoir sur commande à raison d'aléas mineurs ou inventés.

Mais c'est danser sur un volcan. L'avenir ramènera, j'en suis sûr, les choses à leur véritable dimension, celle d'un monde anarchique, ingouverné parce qu'ingouvernable, sans parler de la puissance de la mère nature, et on verra ce qu'on verra.

Il y aura peut-être moins de cris d'orfraie et plus de morts.

Je ne veux pas jouer plus que de raison les oiseaux de mauvaise augure, mais quand je me remémore les récits de mon grand père sur la guerre de 14, ceux de mon père sur la suivante, et que je repense à mes propres mésaventures au Liban, il y a une trentaine d'années, au sein d'une vraie guerre qui a duré la bagatelle de dix huit ans, et d'où j'ai eu la chance de pouvoir m'extraire sans trop de dommages, les soucis exprimés publiquement à ce jour ont tendance à me faire sourire.

A quand la prochaine grande blague nationale ?

Et hip hip hourra à l'un de mes amis qui, la semaine passée, circulait en ville lors d'une manif, en félicitant les policiers en ces termes: "Bravo, les gars, vous, au moins, vous êtes au boulot..."


Le syndrome de SOCGEN-KERVIEL

Après avoir essayé de nous vendre diverses calamités, de la vache folle à la grippe dite H1N1, les ineffables manipulateurs du peuple, bien supportés par les médias, viennent d'inventer un nouveau système de persécution du citoyen, d'intimidation, dirais-je, avec, cette fois-ci, la complicité du pouvoir judiciaire, ce qui introduit une novation, et non des moindres, dans l'arsenal coercitif du totalitarisme galopant qui nous agresse au quotidien.

Comment peut-on comprendre, du point de vue du simple bon sens, qu'une personne seule puisse être condamnée à la fois à trois ans de prison, pour un délit financier, mais également à payer l'incroyable somme de 4,9 milliards d'euros, montant qu'au demeurant, le justiciable en cause n'a jamais empoché, mais, nous dit-on, qu'il aurait fait perdre à son employeur.

Déjà, il paraît étonnant de s'entendre expliquer qu'une banque a pu laisser un seul employé manipuler de tels capitaux sans contrôle, sans que nul n'estime que sa responsabilité ait jamais été engagée.

Si la Société Générale n'a commis aucune faute, aucune imprudence, en laissant un certain M. Kerviel, travaillant pour son compte en qualité d'employé, agir d'une manière telle que de pareilles quantités d'argent se soient volatilisées, un autre employé, dans le futur, pourra en faire tout autant.

Apparemment, et les tribunaux semblent d'accord, seul l'employé a fauté, qui ira un moment en prison, sera condamné "virtuellement" à rembourser des fonds qu'il n'a pas volés, mais laissé perdre, et la banque poursuivra sa carrière en toute sérénité, affirmant que si une telle perte financière a scandalisé ses dirigeants, elle n'est pas allée à la faillite pour autant, car elle est assez riche pour supporter ce genre d'aléa. C'est merveilleux ! A quand la prochaine affaire ?

D'autant que nul n'a évoqué à qui au juste a profité le crime. Qu'est devenu le capital soustrait à la banque, quelle entité l'a récupéré, et pour quoi en faire ?

Cette affaire présente tout ce qu'il faut pour déclencher des vocations: Si l'on ne risque en finale que de passer quelques mois à l'ombre, pour avoir subrepticement dévié du droit chemin des sommes d'argent astronomiques, en sachant que l'on sera condamné à rembourser, mais que la partie spoliée ne vous les réclamera pas réellement, pourquoi se gêner ?

J'attends avec intérêt un nouveau scandale du genre, où l'accusé invoquera, pour sa défense, d'avoir contracté un certain "syndrome de Socgen-Kerviel", tout en plaidant coupable, mais en demandant qu'on lui reconnaisse des circonstances atténuantes, du fait qu'agissant à la lumière du magnifique précédent qu'est l'affaire Kerviel, il a couvert son patron, lequel, exempt de toute responsabilité, s'en sortira blanc comme neige.

Après la maladie de Creutzfeldt-Jakob, qui nous a été généreusement servie en son temps, attendons nous donc à voir fleurir un nouveau virus virtuel, qui ne décimera que les jongleurs spécialisés en planche à billets, et où quelques vagues boucs émissaires, qu'ils soient complices de l'embrouille, ou, pourquoi pas, victimes de leur propre incurie, passeront un moment de repos aux frais de la république.

La morale de cette histoire est la suivante: Quoi que vous fassiez, vous, simple citoyen, de nature à vous faire passer en jugement, si votre adversaire est un "gros machin", quoi qu'il vous arrive, à vous, que vous ayez fauté ou non, n'ayez pas la naïveté de croire que l'establishment paiera le moindre pot cassé, même si, au départ, c'est lui qui vous a remis tous les moyens d'agir frauduleusement.

Le plus inquiétant dans tout cela, c'est la complicité de l'autorité judiciaire, qui a rendu une sorte de jugement de Cour, en blanchissant une institution qui, somme toute, même par le truchement d'un employé maladroit ou indélicat, a bel et bien laissé une fortune s'évaporer, fortune qui était déposée à sa bonne garde, charge qu'elle n'a pas su assumer.

Les grandes structures peuvent donc, en toute impunité, manipuler les avoirs de leurs clients à tort et à travers, perdre des fortunes que nul ne remboursera à personne, et laisser l'un quelconque de leurs employés écoper de peines somme toute théorique, pour donner le change.

Didier FERET